Un havre de montagne au bout du souffle : Bienvenue au gîte de Catastaghju
Il est de ces lieux qu’on n’atteint qu’après l’effort. Le souffle un peu court, les épaules échauffées par le sac à dos, les jambes encore vibrantes après les pas du jour. Et puis soudain, derrière un virage du mythique GR20, perché entre pins laricio et rochers granitiques, il apparaît : le gîte d’étape de Catastaghju.
Au cœur de la Corse sauvage, dans l’un des premiers tronçons du GR20 au départ du Sud, ce petit refuge est bien plus qu’un simple point de chute. C’est un cocon pour marcheurs, une halte précieuse, une rencontre serrée avec la montagne et ses secrets. Pour ceux qui rêvent d’aventure mais aiment aussi les petits plaisirs simples de la vie, Catastaghju est une promesse tenue.
GR20 : la légende au pas de votre porte
Décrit par beaucoup comme l’un des treks les plus exigeants d’Europe, le GR20 sillonne la Corse du Nord au Sud – ou l’inverse – en 180 kilomètres de crêtes escarpées, de forêts profondes, de rivières cristallines et de panoramas déconcertants. Les randonneurs y viennent chercher le défi, sans doute, mais aussi cette forme de dépouillement qui invite à se recentrer sur l’essentiel : marcher, observer, respirer.
C’est justement sur cette ligne invisible mais vibrante que s’installe le gîte de Catastaghju. Étape clé pour qui part de Conca (versant sud), il représente la première vraie pause – celle où l’on s’autorise à poser le sac, délasser ses chaussures de marche et regarder l’horizon sans compter les kilomètres. Il est aussi le point d’atterrissage de nombreux marcheurs qui choisissent d’entamer leur GR20 à partir de cette étape plutôt que de Conca, permettant une adaptation plus douce à l’altitude et à la déconnexion.
Un gîte d’étape avec une âme : rencontre avec la famille qui l’anime
Derrière les tables en bois patiné par les saisons et les odeurs de figatellu grillé qui dansent dans l’air du soir, il y a la famille qui donne vie à Catastaghju. Depuis plus de vingt ans, ils ont vu passer des visages rouges de soleil, des genoux écorchés, des rires d’enfants fatigués mais heureux. Et chaque jour, ils réinventent la magie de l’hospitalité montagnarde.
« Ici, on ne sert pas seulement un repas ou un lit. On partage un bout de montagne, une histoire, un moment », me confie Antoine, le gérant du lieu, en me tendant un verre de vin rouge local à la fin de la journée. Avec sa compagne, ils ont transformé cette ancienne bergerie en véritable halte chaleureuse. De l’accueil aux conseils pour l’étape suivante, tout respire la bienveillance et la simplicité.
Le confort au cœur de la nature
On pourrait croire que sur le GR20, tout n’est que rusticité. Mais à Catastaghju, on a compris que confort et authenticité ne sont pas incompatibles.
Le gîte propose différentes options d’hébergement à des prix très accessibles :
- Dortoirs communs : parfaits pour les budgets serrés ou les randonneurs en solo. Simples mais propres, avec literie basique, ils favorisent les rencontres et les anecdotes chuchotées à la lampe frontale.
- Chambres privatives : pour les couples ou les marcheurs en quête d’intimité, un peu plus spacieuses et dotées de plus de confort.
- Zones de bivouac : pelouses entretenues, accès à l’eau potable, sanitaires, douches chaudes, et même petits coins ombragés pour une sieste bien méritée.
Et que dire de la douche chaude après 7 heures de marche ? Elle ressemble à une bénédiction. On se surprend à rester là, immobile, les yeux fermés, laissant la fatigue glisser avec l’eau tiède le long de la peau.
Une table à l’image du maquis
Marcher ouvre l’appétit. Et ici, il est accueilli en roi. Le soir, autour de grandes tables en bois, les plats généreux du gîte font l’unanimité. Le repas est un moment presque sacré, un rituel réconfortant après une journée de cailloux et de silence.
Le menu ? Il chante la Corse, évidemment :
- Soupe corse aux légumes frais du jardin
- Polenta maison accompagnée de sanglier mijoté
- Fromages locaux et confiture de figue
- Clémentines de Balagne ou fiadone en dessert
Le tout est arrosé d’un vin rouge charnu ou d’un jus de myrte maison, selon l’envie. Et souvent, le dîner se prolonge autour du feu, avec des discussions spontanées entre compagnons de route. Certains chantent, d’autres partagent des conseils pour la prochaine étape. Le temps ralentit. Ce n’est plus seulement un gîte : c’est un moment suspendu.
Les petits plus qui changent tout
Ce qui frappe à Catastaghju, c’est l’attention portée aux détails. Ce petit supplément d’âme qui fait la différence entre une simple nuitée et une vraie rencontre :
- Un étendoir à linge toujours bien orienté pour capter le soleil
- Une bibliothèque « libre échange » où se mêlent topo-guides et romans corses abîmés
- Une prise protégée contre l’humidité pour charger en toute tranquillité votre GPS ou smartphone
- Un petit-déjeuner copieux dès 5h30 pour les lèves-tôt : pain grillé, confitures maison, café corsé et fruits secs
- Un carnet à souvenirs où chacun peut laisser un mot, un poème, un dessin, comme autant de traces d’humanité en altitude
Le chant de la forêt au réveil
Il y a quelque chose d’émouvant à se réveiller ici. Le matin, la vallée s’étire doucement, drapée de brume, réveillée par les grésillements des cigales et quelques pas discrets sur les feuilles. Depuis votre tente ou votre chambre, vous entendez peut-être le martèlement régulier des bâtons de marche sur les sentiers d’en face. Le GR20 vous appelle à reprendre la marche. Mais pendant quelques instants encore, vous savourez la quiétude.
Certains matins, la lumière perce à travers les pins laricio avec une douceur incroyable. On se dit alors que ce lieu, au-delà d’être un arrêt sur un itinéraire sportif, est aussi un espace pour sentir, s’écouter, s’émerveiller.
Informations pratiques pour préparer votre halte à Catastaghju
Avant de franchir les portes du gîte, quelques conseils pratiques peuvent faire toute la différence :
- Réservation conseillée : surtout en haute saison (juin à septembre). Le site officiel du gîte ou la plateforme de réservations du parc naturel régional de Corse sont vos meilleurs alliés.
- Accès : Depuis Conca (village de départ officiel du GR20 Sud), il faut compter environ 4 à 6 heures de marche. Pour ceux qui préfèrent démarrer leur GR20 ici, un accès routier jusqu’au gîte est possible par piste (attention, route non goudronnée, 4×4 conseillé).
- Paiement : Privilégiez le liquide. Certains gîtes n’ont pas toujours la connexion nécessaire pour les terminaux de carte.
- Prévoir une lampe frontale : en cas de repas tardif ou de levée avant l’aube pour reprendre la marche.
Repartir avec le cœur plus léger
Il y a dans les sacs des randonneurs qui quittent Catastaghju quelque chose d’invisible et pourtant pesant : la trace d’une rencontre, le souvenir d’un plat partagé, la chaleur d’un foyer dans l’immensité sauvage corse. Le GR20 est rude, parfois ingrat, souvent magnifique. Mais il devient vraiment inoubliable lorsque ces étapes d’humanité ponctuent le chemin.
Alors, si vous empruntez un jour le sentier de granit et de vent qui traverse l’île de Beauté, laissez votre cœur s’attarder à Catastaghju. Il y trouvera, au détour d’un plat fumant ou d’une sieste à l’ombre, un peu plus que du repos : une parenthèse sincère, enracinée dans la pierre et le silence, bercée par le chant ancestral des cimes corses.