Une parenthèse sauvage au cœur de la montagne corse
Il y a des endroits qui ne figurent pas au sommet des guides les plus feuilletés, mais qui nichent doucement leur souvenir au creux de votre mémoire. Le camping U Monte Cintu, installé à Lozzi, au pied du géant corse — le Monte Cinto, 2 706 m d’altitude — est de ceux-là. Ici, la nature est brute, les odeurs de pins et de maquis embaument l’air, et le silence, si rare ailleurs, devient un compagnon fidèle.
J’avais entendu parler de ce coin de l’île comme d’un sanctuaire paisible pour les randonneurs aguerris et les voyageurs en quête d’authenticité. Mais rien ne m’avait vraiment préparée à la sensation de m’y sentir… toute petite, soudainement. Face à cette montagne, tout semble retrouver sa juste place.
Lozzi, un village suspendu entre ciel et pierre
Situé dans la Haute-Corse, dans la région du Niolu, Lozzi est l’un de ces villages corses au charme discret. Perché à 1 000 mètres d’altitude, il semble flotter entre les vallées et les pics, bercé par la fraîcheur de l’air pur et les histoires que le vent chuchote entre les vieilles pierres.
Ce n’est pas un village de carte postale aseptisée, non. Ici, les murs ont vécu, les volets claquent parfois, et les fontaines chantent à leur rythme. Et c’est justement cela, cette simplicité sincère, qui rend l’endroit si attachant.
Le camping U Monte Cintu y est niché, à quelques pas du cœur du village. C’est un camping à taille humaine, loin des rouleaux de glaces industriels ou des animations bruyantes : on y entend surtout les pas feutrés des chèvres au petit matin et le crépitement du feu de bois à la tombée du soir.
Retour à l’essentiel : le charme rustique du camping
Le camping est un refuge pour les amoureux de la sobriété bien pensée. Vous y trouverez :
- Des emplacements ombragés pour les tentes et camping-cars, avec une vue imprenable sur le Monte Cinto.
- Quelques chalets en bois, rustiques mais confortables, parfaits pour ceux qui veulent conjuguer immersion et un brin de confort.
- Une ambiance familiale et paisible, avec un accueil chaleureux, souvent accompagné d’une dégustation improvisée de figatellu ou de brocciu si vous arrivez pile au bon moment.
Ne cherchez pas la piscine ni le bar animé. Ici, la vraie richesse se vit autrement : dans une sieste au son des cigales, dans la lumière dorée sur les crêtes au lever du jour, ou dans ces repas conviviaux partagés avec d’anciens inconnus devenus compagnons de table.
Monte Cinto : rencontre avec le toit de la Corse
La grande star ici, c’est le Monte Cinto. Imposant, presque irréel, il surveille les environs du haut de ses 2 706 mètres. L’ascension de ce géant n’est pas une promenade de santé. Elle se mérite. Mais elle offre en retour un panorama inoubliable sur toute l’île — par temps clair, on distingue même les côtes italiennes.
Il existe deux itinéraires principaux pour atteindre le sommet :
- Par le versant nord depuis le refuge de l’Ercu : une montée technique, destinée aux randonneurs expérimentés. Étais-ce une bonne idée de me lancer à l’aube avec deux barres de céréales et une bouteille d’eau ? Probablement pas. Mais chaque pas sur cette crête aérienne racontait une histoire de rocaille, de fatigue, et d’émerveillement.
- Par le col de Vergio : plus facile d’accès, mais plus long, ce sentier traverse des paysages variés, entre forêts, pelouses alpines et névés persistants.
Pour les moins téméraires — ou simplement les plus contemplatifs — de nombreuses balades aux alentours permettent déjà d’avoir une belle idée de la grandeur des lieux, sans gravir le sommet. La Vallée du Niolu, sauvage et magistrale, offre quantité de sentiers ponctués de bergeries typiques et de torrents limpides.
Goûter la Corse au coin du feu
Parce que voyager, c’est aussi manger avec le cœur, le camping U Monte Cintu propose une petite restauration simple mais délicieuse, célébrant les produits du terroir. Un soir, autour d’une table en bois bancale mais chargée de bonheur, j’ai goûté à une soupe corse préparée par la propriétaire. Un plat ancestral, riche de légumes du jardin, de haricots secs et de lardon — chaque cuillerée était une caresse aux papilles après une journée de marche harassante.
Il y a aussi ces fromages corses, un peu piquants, un peu fiers, que l’on dégustait encore tièdes, à la lueur des lampes frontales et du vin rouge local. Et les biscuits à la châtaigne faits maison que la benjamine de la famille tenait à vendre fièrement à la réception.
Moments suspendus : les activités à savourer dans les environs
Au-delà des randonnées, la région regorge d’activités pour les curieux de tous âges :
- La baignade dans les rivières du Golo, avec leurs vasques translucides creusées dans le granit. Un plongeon vivifiant ! »
- La visite des villages du Niolu comme Albertacce ou Calacuccia, pour goûter à l’âme montagnarde et découvrir des artisans fiers de leurs savoir-faire.
- Un détour par le lac de Calacuccia, miroir paisible reflétant les sommets alentours, parfait pour une sieste digestive ou une séance de croquis.
- Être là, tout simplement. Regarder les nuages jouer avec les ombres sur la montagne. Écouter. Respirer.
C’est aussi dans ces instants dépouillés que le voyage prend tout son sens. Le luxe ici ? C’est le temps qui ralentit. L’absence de réseau devient une invitation à la reconnexion — à soi, aux autres, à la nature.
Quelques conseils pour une escapade réussie
- Niveau météo : même si l’été est souvent chaud, les soirées sont fraîches. Emportez de quoi vous emmitoufler.
- Chaussures de marche obligatoires – même pour les trajets courts. Le terrain est rocailleux, parfois glissant.
- Pensez aux provisions : dans ce coin isolé, il n’y a pas de supermarché à la porte. Profitez-en pour découvrir les petites épiceries des villages alentours, souvent pleines de trésors.
- Réservez à l’avance : le camping est prisé des routards avisés. En haute saison, les emplacements s’envolent vite.
Pour ceux qui rêvent d’ailleurs sans fuir ici
Le camping U Monte Cintu n’est pas un simple point de chute. Il est une expérience en soi. Un lieu de silence habité, de rencontres discrètes, d’horizons grandioses. On y vient parfois à pas prudents, presque par hasard, et on en repart souvent avec une promesse : celle d’y revenir.
Car la montagne corse, fière et indomptable, ne se laisse apprivoiser qu’en prenant le temps. Et elle murmure à l’oreille de ceux qui l’écoutent, doucement mais sûrement, qu’il y a ici quelque chose d’essentiel à retrouver.