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Randonnée corse du sud : une terre sauvage entre mer et maquis

Randonnée corse du sud : une terre sauvage entre mer et maquis

Randonnée corse du sud : une terre sauvage entre mer et maquis

Une randonnée en Corse du Sud : au cœur d’une nature indomptée

Il est des territoires où le vent semble chuchoter d’anciennes histoires et où chaque sente de terre craquelée résonne comme une invitation au dépassement. La Corse du Sud, avec ses reliefs escarpés, son maquis entêtant et ses criques d’eau limpide, fait partie de ces terres à part. Elle ne se donne pas facilement, mais à ceux qui prennent le temps de la parcourir à pied, elle dévoile son âme sauvage et généreuse.

Un matin d’avril, sac légèrement harnaché sur le dos, je quittais Porto-Vecchio direction Zonza. Au programme : quelques jours à arpenter les sentiers entre montagne et mer, à la cadence de mes pas, bercée par le chant des cigales et le souffle rauque du vent méditerranéen. Ce que j’allais vivre allait bouleverser mon rapport à la marche, et bien plus encore.

Marcher entre granit rouge et horizon azur

Impossible de parler de randonnée en Corse du Sud sans évoquer les Aiguilles de Bavella, ce massif majestueux dressé comme une échine de dragon pétrifiée, veillant sur l’Alta Rocca. C’est là, entre ses pointes de granit rouge, que j’ai véritablement compris ce que signifie « s’émerveiller ».

En traversant le Col de Bavella (1 218 m), je me suis surprise à ralentir inconsciemment le pas. Non pas par fatigue, mais par respect — comme si ces falaises abruptes m’imposaient un silence intérieur. Le GR20 y trace l’un de ses passages les plus mythiques, mais d’autres sentiers, plus accessibles, permettent également d’approcher ces géants de pierre. Le célèbre sentier du Trou de la Bombe est à ce titre une belle entrée en matière :

À l’arrivée, l’étonnante formation rocheuse creusée comme par un coup de canon semble veiller l’immense vallée. Un spot parfait pour une pause pique-nique — pain de seigle corse, lonzu tranché et tomme du cru… L’ascension donne faim, et la nature mérite bien qu’on l’honore avec les produits qu’elle inspire.

La magie du maquis et des villages perchés

La randonnée en Corse du Sud, ce n’est pas seulement gravir ou descendre, c’est apprendre à lire les histoires tissées dans le relief. En longeant les sentiers muletiers autour de l’Alta Rocca, on découvre un maquis impénétrable à l’odeur entêtante : ciste, immortelle, romarin… Un parfum d’éternité que la rosée du matin rend presque mystique.

Un après-midi, j’ai fait halte à Sainte-Lucie-de-Tallano, un joyau de pierre niché dans la montagne, réputé pour ses oliveraies ancestrales et son huile fruitée. Là, dans une petite taverne, j’ai échangé quelques mots — et sourires — avec une vieille dame nommée Lisabetta. Entre des bribes de français et des éclats de dialecte corse, elle m’a raconté comment, enfant, elle partait elle aussi en randonnée, pieds nus, pour rejoindre l’école plusieurs kilomètres plus loin. Et puis elle m’a glissé une petite adresse : le vieux sentier qui relie le village à l’ancien couvent San Francesco. « Monte doucement, et écoute. L’histoire est dans les cailloux. »

Rando et mer : le bonheur au bout du chemin

Randonnée ne rime pas toujours avec altitude. En Corse du Sud, certains des plus beaux itinéraires serpentent en bord de mer, entre criques inaccessibles en voiture et tours génoises défiant le temps. C’est le cas du sentier côtier de Bonifacio, qui mêle l’ivresse du vent à la beauté foudroyante des falaises calcaires.

Le parcours depuis le port jusqu’à la plage de Paragan est une balade entre ciel et mer, où l’on croise parfois des chèvres égarées ou un lézard curieux. À chaque virage, la mer Tyrrhénienne se découvre dans des teintes qu’aucune photographie ne saurait restituer fidèlement.

Cette boucle est idéale pour allier effort léger et plaisir balnéaire. Petit conseil : partez en fin d’après-midi pour profiter d’un coucher de soleil rougeoyant sur les falaises. Et pourquoi pas une baignade dans une crique isolée, à mille lieux du tumulte estival ?

Conseils pour une rando réussie en Corse du Sud

Si la Corse du Sud charme par sa beauté brute, elle mérite tout de même un certain respect. Randonnée ici rime souvent avec terrain accidenté, variations de température et isolement relatif. Quelques précautions s’imposent :

Et puis, emportez toujours un peu de place pour l’imprévu. Une bergerie cachée, une rencontre improvisée, un fromage à déguster sur le coin d’un rocher… C’est souvent là que naît le vrai voyage.

Renouer avec la lenteur, et respirer

Ce que j’ai trouvé en Corse du Sud, ce n’est pas seulement la beauté — quoique saisissante — des paysages. C’est cette capacité rare d’un lieu à nous rappeler que nous faisons partie du vivant, que nos pas peuvent être des gestes de gratitude. Marcher ici, c’est consentir à se dépouiller du superflu pour mieux écouter.

Un matin, au détour d’un sentier surplombant la baie de Campomoro, j’ai croisé un homme âgé, bâton de marche de bruyère à la main, regard clair sous un chapeau bien usé. Il m’a saluée d’un simple « Iè ! », puis est resté debout, regardant l’horizon avec la patience de ceux qui n’ont plus rien à prouver. Je me suis arrêtée à ses côtés. Rien n’a été dit de plus, mais dans le silence partagé, il y avait tout : la fidélité viscérale à cette terre, l’amour discret pour ses reliefs, et cette paix qu’on trouve uniquement quand on prend, enfin, le temps.

Alors si vous cherchez une aventure, une vraie — pas celle des exploits sportifs mais celle du cœur et de l’âme —, lacez vos chaussures, préparez un petit en-cas, et partez explorer cette Corse du Sud indomptée. Elle saura vous accueillir, à sa manière. Pas toujours douce, mais toujours sincère.

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